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Albert a 43 ans. Ses symptômes se sont déclarés à 19 ans et il travaille maintenant à la Bibliothèque Nationale de France. Il raconte son parcours de rétablissement et détaille ce qui l’aide dans son quotidien. Interview réalisée par Théophile Mercier, journaliste.

Depuis combien de temps êtes-vous atteint de schizophrénie ?

Depuis mes 19 ans. C’est en 1993 que s’est déclarée ma maladie.

Comment s'est déclarée cette maladie ?

J’étais quelqu’un de très soucieux, un peu étourdi, j’avais du mal à avoir des liaisons avec des amis, avec des camarades de classe, j’étais en échec scolaire et c’était très difficile d’obtenir mes diplômes, le brevet, le bac. Je me renfermais sur moi-même, j’avais très peu de confiance en moi.
Quand j’ai été bachelier, j’ai essayé de faire un Deug d’allemand à Nancy, j’ai fait deux fois la première année, j’étais complètement perdu et j’ai dû arrêter à cause de ma maladie. Par la suite, je suis allé dans un centre pour personnes souffrant de troubles psychiques en vue de reprendre des études. C’était à la clinique Dupré, à Sceaux, cela ne s’est pas très bien passé, je suis parti assez vite. J’ai réussi à avoir un diplôme d’auxiliaire de bibliothèque de l’Association des bibliothécaires français. Ensuite, j’ai eu des petits postes de contrats aidés à Nancy jusqu’en 2008.

Comment avez-vous réussi à trouver votre emploi actuel  ?

  >> La réponse d'Albert en vidéo


Albert raconte qu'il a vu que la Bibliothèque Nationale de France (BNF) organisait un recrutement sans concours pour personnes travailleurs handicapés et qu'il a été suivi  pour son insertion par le Club « Arihm ». Il y a bénéficié de formations qui l'ont beaucoup aidé . Aujourd'hui il aime bien travailler en équipe avec ses collègues, a moins de difficultés à se concentrer et c’est une très grande joie pour lui de servir les lecteurs de la BNF. 


Avez-vous été aidé par des personnes dans votre entourage ?

Oui, ma mère m’a beaucoup aidé car elle avait été bibliothécaire à Nancy et dans différentes bibliothèques universitaires.

Cette aide a-t-elle été essentielle dans votre parcours  ?

Oui, car dès que ma maladie s’est déclarée, elle a créé une association à Nancy, « Espoir 54 ». Maintenant encore, elle est présidente bénévole de cette association, elle a fait cela pour m’aider ainsi que toutes les personnes qui ont des problèmes de cet ordre-là.

Quelles sont vos tâches à la BNF ?

Au début, j’avais peur d’être au contact des lecteurs, je redoutais d’être en salle de lecture mais cela va mieux maintenant, j’y suis assez souvent et aussi assez souvent en magasin là où sont conservés les livres à une certaine température. Je fais aussi du travail interne, notamment l’estampillage des nouvelles acquisitions, que je viens chercher avec un autre collègue au département d’économie et politique. Je fais également du reclassement et du réalignement en magasin, ce qui me permet parfois de retrouver des livres perdus ou égarés depuis plusieurs années.

Je travaille à 80%, de 8h30 à 16h30 le lundi, le mardi, jeudi et vendredi et le mercredi est mon jour de repos. Je travaille aussi huit samedi par an.

Est-ce que vous êtes toujours suivi aujourd’hui ?

Chaque lundi, je vois après mon travail la psychologue de la BNF pendant une vingtaine de minutes et, le mercredi, comme je ne travaille pas, ma psychiatre, en centre médico-psychologique. Je suis aussi suivi au Service d’Accompagnement à la Vie Sociale (SAVS) du 17ème arrondissement de Paris une fois par mois, ce qui me permet d’être plus sociable, de faire des activités avec d’autres personnes atteintes de troubles psychiques comme des visites d’expositions et des sorties au cinéma.

Les personnes que je côtoie au SAVS trouvent que j’ai de la chance de travailler, alors j’essaie de leur parler de ce que je fais mais ce n’est pas facile pour elles de comprendre mon envie de travailler à 80% malgré certains troubles psychiques. Même si c’est fatiguant, j’éprouve une très grande joie à me sentir utile dans la société.

Etes-vous autonome dans votre vie quotidienne ?

J’ai une chambre non loin du parc Monceau, un très beau cadre et je suis autonome. J’ai des relations avec des amis et certains collègues. Je suis un peu fatigué le soir, donc je ne vais pas à toutes les soirées mais j’ai d’excellentes relations.

Qu’est-ce qui vous a le plus aidé pour vous rétablir ?

Ce qui m’a le plus aidé a été la psychologue de la BNF, que je vois chaque semaine et dans un second temps, ma psychiatre. C’est au sein de la BNF que cela s’est joué. Nous avons beaucoup de chance d’avoir à la BNF un soin particulier pour les personnes qui ont besoin d’une aide psychologique. C’est vraiment un très beau service que la BNF me rend.

Est-ce que vous suivez un traitement médicamenteux ?

J’ai un traitement assez lourd. Je prends de l’Olanzapine, également du Séropram, de l’Akineton retard et j’ai des médicaments en cas de besoin, Lexomil ou Seresta. Je les prends quotidiennement ; une forte dose le matin et le soir une dose un peu moins forte, ce qui me permet de tenir la journée sans avoir d’angoisses.

Ma psychiatre voudrait que je baisse au niveau des dosages mais je préfère rester à la posologie la plus importante, ce qui me permet de travailler dans de bonnes conditions. Fin janvier 2018, je sortirai de l’aide du SAVS. Sans les médicaments, je ne pourrai pas travailler.


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