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Collectif Schizophrénies
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Denis a commencé à souffrir de symptômes alors qu’il débutait ses études supérieures. Il aura fallu presque 30 ans pour que sa schizophrénie soit diagnostiquée et qu’il bénéficie d’un traitement efficace. 30 années durant lesquelles sa vie personnelle s’est beaucoup étiolée. Cependant, il observe aujourd'hui une évolution positive de la société à l'égard du handicap, notamment dans son milieu professionnel. 


Comment avez-vous appris que vous souffriez d’une schizophrénie ?  

Pour moi, le diagnostic de schizophrénie a été délivré assez tard, en 2014. Pourtant, j’avais déjà éprouvé de premiers symptômes dès les années 1985-1986. J’avais différents types de symptômes, mais aucun médecin ne les avait envisagés ensemble pour suspecter une schizophrénie : j'avais des hallucinations, des douleurs corporelles inexpliquées. Du coup, les médecins ont cherché, en vain, une origine organique à mes douleurs. J’ai suivi beaucoup de traitements, effectué beaucoup d’analyses, sans que cela ne débouche sur rien. J’entendais aussi des voix incontrôlables qui me rendaient paranoïaque.
Je me rendais pourtant compte que quelque chose ne tournait pas rond. Je me repliais sur moi-même, je pensais souvent que certains de mes proches m’en voulaient. Alors j’ai commencé à voir une psychologue en 2013. A force de discuter avec elle, j’ai réalisé que je souffrais peut-être d’une maladie psychique. Mon médecin traitant m’a alors orienté vers un psychiatre, qui m’a prescrit un traitement qui a tout de suite bien fonctionné.


Vous êtes donc resté près de 30 ans sous être soigné. Quels retentissements la maladie a eu durant toutes ces années sur votre vie ? 

Quand les symptômes ont commencé j’étais étudiant en classe préparatoire aux grandes écoles. Puis j’ai intégré une école d’ingénieurs à Strasbourg. J’ai été diplômé à la sortie. Mais j’étais malade et ces années d’études ne m’ont pas laissé un bon souvenir. Ensuite j’ai fait mon service militaire, puis j’ai trouvé un emploi à Paris. Je n’avais pas de très bonnes relations avec mes collègues à cause de ma paranoïa. J’avais l’impression qu’ils m’en voulaient.
La maladie a aussi fortement impacté ma vie personnelle, qui n’a jamais été épanouie. J’avais une petite amie, mais ça s’est mal passé entre nous. Et depuis je n’ai pas connu d’autres relations.


Comment vous sentez-vous depuis que vous savez de quoi vous souffrez ?

Le traitement prescrit m’a beaucoup soulagé. Au niveau professionnel, j’ai de bonnes relations avec mes collègues et ma hiérarchie. J’ai obtenu de la MDPH le statut de travailleur handicapé que j’ai communiqué à la direction de mon entreprise au cas où j’aie besoin un jour d’un aménagement de mon poste de travail.
Ma vie personnelle est devenue plus riche. Je me suis rapproché de l’association Schizo Oui et cela m’a aidé à reprendre pied dans la vie sociale. J’ai sympathisé avec d’autres personnes concernées par la maladie et avec les bénévoles. J’ai repris confiance en moi. Et j’ai amélioré ma connaissance de la maladie, ses causes, les traitements et les avancées de la recherche. Tout cela m’intéresse beaucoup.


Comment vos responsables ont-ils réagi au fait que vous obteniez le statut de travailleur handicapé ? Cela a-t-il modifié vos rapports ?  

Lorsque j'ai transmis ma RQTH à la Direction en 2014, il n'y a pas eu de réaction. Le système informatique de Ressources Humaines permet de déclarer la RQTH. Actuellement, il y a une volonté de la part des Ressources Humaines d'embaucher plus de personnes handicapées. Une attention est portée aussi sur les projets que nous accompagnons sur les aspects impacts (environnement, social).
Ma responsable m'a demandé en début 2023 si j'avais besoin d'une adaptation du poste de travail, ce dont je n'ai pas besoin pour le moment.
 

Qu’est-ce qui vous donne envie de témoigner de votre expérience ? 

En apportant mon témoignage, je voudrais aider ceux qui, comme moi, ressentent des symptômes qui paraissent indépendants les uns des autres, mais pourraient révéler la présence d’une maladie psychique. Ceux-là sont peut-être plus difficiles à diagnostiquer que les personnes ayant connu une grave crise délirante, ou qui ont été hospitalisées. Pour ma part j’ai connu des crises, mais n’ai jamais été hospitalisé.
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