Jacques
« L'association Espoir 54 m’a apporté une structure dans mon quotidien parce que j’étais habitué à travailler. Donc, se lever le matin et aller travailler me donnait un rythme qui en fait structure, non seulement notre vie, mais aussi notre personnalité. Je m’étais donné comme rythme de me laisser aller le matin, d’être sans contrainte parce qu’on en a besoin quand on n’est pas bien. Mais avec pour objectif à midi, de venir au groupe d’entraide mutuelle, jusqu’à 17h parce que cela me permet d’avoir un rendez-vous pour voir les gens. Et quand je ressors à cinq heures, j’ai rechargé les batteries ce qui me permet de transférer ce que je vis au groupe d’entraide mutuelle dans ma vie quotidienne à la maison. »
Gilles
« Pendant mon hospitalisation, les psychiatres m’ont donné du Risperdal qui efface les voix que j’entendais. Après ma sortie, les médecins ont décidé de diminuer puis d’arrêter le traitement pour voir comment j’allais réagir. Et pour l’instant, ça se passe bien. On m’a juste conseillé d’éviter les environnements trop stressants et surtout de ne pas prendre de drogues. Parfois quand je me promène en ville et que j'entends des gens rigoler entre eux au loin j'ai le sentiment qu'ils se moquent de moi alors qu'il n y a aucune raison puisque je ne les connais pas. J'avais déjà ce sentiment avant d'avoir cette grosse crise, je pense que c'est une sensation prémice de cette maladie. Je ne me sens plus désormais surveillé et écouté. J'ai repris une vie normale. »
Charlotte
« Je pense que la principale difficulté que je rencontre dans ma vie quotidienne est la solitude, qui est à la fois une cause et une conséquence de la maladie. J’essaye de me sociabiliser avec le théâtre et j’ai le projet de reprendre la musique avec une association de jazz. »
Michelle
« Je ne viens pas au groupe d’entraide mutuelle tous les jours mais je participe à quelques activités. Et surtout, comme j’aime le bricolage, j’ai envie de proposer des aménagements à la salle commune, installer des choses. J’ai envie de coordonner les changements, de m’occuper de ce qu’il y a à faire et de dire aux autres usagers comme réaménager le local. Cela me donne le sentiment d’être utile. C’est important. »
Caroline
« A propos de ma vie quotidienne, je pourrais dire qu'elle est réglée comme du papier à musique. Je me lève chaque matin à la même heure (6h00), je pars pour le travail toujours à la même heure (7h40), je rentre du travail toujours à la même heure (15h15-30), je me couche toujours à la même heure (22h00). L'après-midi je ne fais pas grand chose. J'ai beaucoup de mal à tenir ma maison, préparer un repas, lancer une machine de linge, etc.
Si mon mari ne me demande pas la veille de faire quelque chose il est très rare que j'en prenne moi-même l'initiative. J'aimerais pouvoir faire tout cela seule, sans que l'on me le demande. Mais cela reste très difficile. Des symptômes négatifs résiduels certainement. Alors après le travail, la plupart du temps je me mets devant la télévision, je regarde des programmes sans vraiment être attentive, et de ce fait, sans vraiment tout comprendre. Il faut dire que la télévision ne m'intéresse pas tout particulièrement.
Rien ne m'intéresse vraiment d'ailleurs. Hormis peut-être les musées mais je n'apprécie guère les sorties en solitaire. Je déteste me promener seule dans les rues de Paris notamment. Alors qu'il y a tant de musées à visiter. J'aime aussi beaucoup écouter de la musique, cela me détend.
Je peux dire, heureusement que je travaille. Cela me permet de faire ma sortie quotidienne. Sinon, je resterais cloîtrée chez moi.
Le sommeil fait aussi partie intégrante de ma vie. Je me couche tôt et je fais souvent une sieste l'après-midi. Je passe aussi fréquemment mon week-end allongée sur mon canapé, quand je ne sors pas pour rendre visite à mes tantes. »
Joséphine
Olivier
J'ai eu beaucoup de mal à m’intégrer socialement car je me sens souvent en décalage avec les autres. Soit parce que je comprends tout, tout de suite ou, au contraire car il me faut plus de temps pour assimiler une information. C'est dans ce sens que le fait de travailler est difficile car même en étant stabilisé, il y a toujours un écart entre la pseudo « normalité » et le malade. »
Aline
« Le groupe d’entraide mutuelle, c’est ma vie, c’est ma renaissance, c’est le sens de ma vie. Sachant que je ne peux plus travailler, que je suis dans l’incapacité de me rendre utile, quand je viens au GEM, et j’ai besoin de venir tous les jours, parce que je suis dans un cadre de partage avec mes pairs, d’entraide. Les gens aiment beaucoup se confier à moi, cela me valorise et me fait du bien de pouvoir aider mon prochain. Il y a toujours un partage, cette entraide, les activités, la chorale et l’atelier marche que je fais me procurent du plaisir. Alors que, lorsqu’on est dans la maladie, on a beaucoup de mal avec la notion de plaisir, elle disparaît tout d’un coup. Cela m’aide beaucoup, même hors atelier, activité, je viens ici, j’apporte ma nourriture à midi, je partage le repas avec les autres. C’est vraiment ma deuxième famille. »