Judith
Au cours des années, Judith a reçu différents diagnostics successifs : d’abord celui de « dépression clinique profonde » puis « dépression psychotique », puis « schizophrénie ». Et s’enchaîneront : « désordre schizo-affectif », « trouble bipolaire», jusqu’au diagnostic actuel : Judith est désormais considérée comme porteuse d'un "syndrome de stress post-traumatique".
« J'ai connu divers traitements, à commencer par les médicaments : antidépresseurs, lithium, barbituriques, neuroleptiques ; je suis aussi passée par 18 électrochocs qui n’ont pas marché, mais je suis certaine que ça a affecté ma mémoire », une thérapie du sommeil, le Pentothol (le « médicament de la vérité »), l’abréaction, la thérapie avec échanges verbaux, le séjour en hôpital psychiatrique. Un psychiatre irlandais m'a confié que « la fonction principale d’un psychiatre c’est de prescrire des médicaments », et m'a conseillé d’aller voir un collègue psychanalyste, qui m'a rassurée en affirmant que l’on peut entendre des voix sans pour autant être schizophrène.»
Florent
« J’ai le quotidien d’une personne normale qui est dû à un traitement adapté ; je ne prends plus qu’un comprimé par jour. Je sais que c’est un traitement à vie mais je le vis très bien. J’ai encore parfois des impatiences mais l’écriture m’a permis de maîtriser tout cela. J’ai appris à vivre avec la maladie. Je pense qu’il vaut mieux avoir quelques effets secondaires qu’on apprend, avec le temps, à maîtriser, qu’entendre des voix ou partir dans des délires dont, parfois, l’on ne revient pas.»
Charlotte
« Je prends de l’Abilify en injection mensuel depuis janvier. Je l’avais déjà pris pendant deux ans. Le traitement fonctionne bien et je n’ai pas d’effet secondaire. Je pense que j’avais pris du poids en 2017 et c’est vrai que je mange moins aujourd’hui, ce qui peut expliquer que je n’ai pas repris de poids cette année.
Le traitement m’aide beaucoup et je vois la différence en fin de dose lorsque l’angoisse revient. L’acceptation du diagnostic a été difficile au tout début mais très rapidement je l’ai assumé et j’en ai parlé autour de moi. Pour moi, c’est fondamental pour aller mieux et se reconstruire. C’est comme mettre un mot sur une souffrance et la reconnaître. »
Olivier
« Depuis quatre ans, je suis sous Léponex, Abilify, Mianserine, Seresta, Tercian et Avlocardyl. C'est un traitement très lourd. Cependant je suis habitué à certaines molécules et il est donc normal de changer d’anxiolytique fréquemment. C'est le Léponex qui m'a permis de retrouver une vie à peu près normale et un équilibre car il m'a stabilisé. Bien sûr, il y a eu des réajustements au niveau de l'Abilify et des anxiolytiques.
Les effets indésirables sont les trous de mémoire, l’hyper-salivation (surtout la nuit), et les prises de sang régulières (une fois par mois pour contrôler le taux de globules blanc).
Il faut aussi mentionner aussi les problèmes que rencontrent toutes les personnes qui prennent ce genre de médication : la prise de poids. Pour cause, le métabolisme change avec les traitements et beaucoup de malades s'en plaignent car ils grossissent. Mais avec une bonne hygiène de vie, du sport et surtout du temps les effets métaboliques se tassent. Je fais 1,75m pour 77kg aujourd'hui, mon poids est monté jusqu'à 95kg. S'il y a stabilisation du traitement dans le temps alors le poids peut redevenir normal. Il faut juste de la patience et une bonne hygiène de vie.
Voir un psychologue et un psychiatre m'aide beaucoup à y voir plus clair, le traitement lui aussi est fondamental. Le respecter à la lettre aide à ne pas rechuter. »
Sophie
« J’étais au lycée, au début, je n’avais pas trop de problèmes d’apprentissage, après, j’ai pris un médicament qui s’appelle le Risperdal. Je pensais que, comme je n’avais plus trop de pensées dans ma tête, je pensais que c’était à cause du Risperdal, mais on m’a dit que c’était un effet de la maladie : que mon cerveau était vide de pensées. Ca s’est accompagné d’une sorte de paranoïa, je pensais qu’on me voulait du mal, les gens autour de moi, dans la vie de tous les jours. »
Gilles
« Au départ, je ne pensais pas avoir une maladie mentale. Je pensais juste être persécuté. Lorsqu’on m’a interné en psychiatrie, on m’a donné un premier traitement appelé Xeroquel pendant quinze jours mais il a moyennement fonctionné et j’avais l’impression qu’on voulait me faire passer pour un schizophrène mais pas que je l'étais.
Lorsque je suis sorti au bout de quinze jours, vu que j’étais persuadé de ne pas être malade, j’ai arrêté le traitement d’autant plus que j'avais des effets secondaires avec le Xeroquel. j'étais vaseux toute la journée, un peu le même état que lorsqu'on se réveille après 1h de sieste.
Trois semaines après, mon délire de persécution était de retour. Je suis donc retourné en psychiatrie. Ils m'ont donné un autre traitement, le Risperdal qui est très efficace sur moi. C'est à ce moment-là que je me suis rendu compte qu'avec ce traitement, je n'entendais plus les voix et que j'avais vraiment cette maladie. J'ai un peu paniqué. Avec le Risperdal, j’avais la marche maladive lorsque je prenais plus de 4mg, l'envie de marcher en permanence. J’avais du mal à rester en place.
Au fur et à mesure, les médecins ont décidé de diminuer puis d’arrêter le traitement pour voir comment j’allais réagir. Et pour l’instant, ça se passe bien. On m’a juste conseillé d’éviter les environnements trop stressants et surtout de ne pas prendre de drogues. »
Caroline
« J'ai commencé les neuroleptiques à l'âge de 19 ans, en 2013. . Mon premier traitement, l'Aripiprazole associé à la Loxapine, fut un échec. Ils avaient permis de calmer mon instabilité émotionnelle. Je veux dire par-là mes épisodes dépressifs et mes périodes d'agitation excessive. Mais les effets secondaires étaient beaucoup trop gênants.
Par la suite, chaque hospitalisation signifiait nouveau traitement. Neuroleptiques, anxiolytiques, somnifères, j'étais un vrai cobaye. Il fallait atténuer mes angoisses qui se faisaient de plus en plus présentes, ma paranoïa et mes délires qui s'étaient immiscés dans mon esprit. Sur le moment chaque traitement semblait fonctionner. Mais à chaque fois je les abandonnais un à un, ou les prenais de façon irrégulière.
Nous avons continué les traitements oraux jusqu'en 2017. Cette année-là mon psychiatre miracle m'a parlé de l'injection d'un neuroleptique atypique : la palipéridone ou Xeplion. Pour lui, c'était la solution à tous mes problèmes. Une prise mensuelle, et beaucoup moins d'effets secondaires. Je lui fis confiance. En effet, j'avais établi une réelle relation de confiance avec lui. On a mis en place ce traitement et depuis ce moment je n'ai pas connu de rechute significative. Pas de nouvelle hospitalisation. »
Albert
« J’ai un traitement assez lourd. Je prends de l’Olanzapine, également du Séropram, de l’Akineton retard et j’ai des médicaments en cas de besoin, Lexomil ou Seresta. Je les prends quotidiennement ; une forte dose le matin et le soir une dose un peu moins forte, ce qui me permet de tenir la journée sans avoir d’angoisses.
Ma psychiatre, que je vois chaque semaine, voudrait que je baisse au niveau des dosages mais je préfère rester à la posologie la plus importante, ce qui me permet de travailler dans de bonnes conditions. Sans les médicaments, je ne pourrai pas travailler. »